Ma pierre
J'ai publié ce texte sur un site ami (les Baladins de la Tradition) en 2015
C’était dans les années 90, j’entrepris alors de suivre un chemin ; on verra qu’il me mena loin, très loin.
Tout d’abord, j’habitais en plein cœur du Beaujolais, sur une colline au milieu des vignes, au pied d’un immense château en pleine conservation (Montmelas, fief de la famille Harcourt) . Avec ses tours crénelées, ses portes, ses remparts, certains ont pu dire qu’il pouvait avoir inspiré Walt Disney pour le château de la Belle au bois dormant !
Non loin de là et de chez moi, à 300 mètres au milieu des vignes, se trouvait une ancienne église de village, devenue simple chapelle abandonnée (la Chapelle de Chevenne) ; son architecture, avec son clocher-tour indépendant était assez spectaculaire, datant des XI°-XII °siècles, la façade étant marquée de la coquille Saint Jacques, et la pierre d‘entrée de la croix pattée. Pour tenter de la protéger, avec des amis, comme moi, suivants de la Tradition, nous avons créé une association de sauvegarde, et pour cette raison je suis vite devenu rat de bibliothèque, allant jusqu’à consulter les cartulaires de l’époque d’une ancienne Abbaye située aux confins du Beaujolais et du Forez, fiefs des Seigneurs de Beaujeu (Savigny).
Et, dans le même temps, lors de travaux au sein de la Spiritualité, on me proposa de choisir un lieu spécifique pour y mener mes réflexions et méditations personnelles. Et ce lieu, je le connaissais déjà, passant souvent par un chemin au milieu des vignes pour aller promener ma chienne autour de la Chapelle : je choisis ainsi une énorme pierre plate aux allures de rocher qui avait été posée en bordure d’une vigne en amont du chemin, elle avait des allures …mégalithiques…
Au-dessus le château, tout autour les vignes en pente jusqu’à la Chapelle sur le versant sud, avec une vue panoramique extra-ordinaire à plus de 180 degrés ! Et, du fait de la hauteur, on voyait la plaine de la Saône, celles de la Dombes, au sud les Monts du Lyonnais et au loin la chaine des Alpes avec au milieu, le Mont Blanc.
On peut imaginer, par la description, un tel lieu pour méditer ! Et elle devint ainsi ma pierre…de là je partais dans le monde, et ailleurs ; je ne sais plus combien de temps j’y ai passé…je ne sais plus tout ce qui m’y fut inspiré…je ne sais plus mes méditations, mes prières.
Les circonstances ont fait que j’ai dû délaisser la région et n’y suis jamais retourné…Mais je sais que, vu sa situation elle n’a pu disparaitre et qu’elle garde toujours le lieu.