Les routes de l'Europe jalonnées par les Abbayes
Dans les années 1990 je travaillai une étude historique sur ma région natale, le Beaujolais (déjà évoqué par ailleurs dans mes articles http://verlatradition.canalblog.com/archives/2014/04/29/29761991.html .
et aussi .http://verlatradition.canalblog.com/archives/2015/04/19/31916382.html
et encore http://verlatradition.canalblog.com/archives/2013/09/17/28031711.html.).
Un ouvrage, fort connu et maintes fois recopié par la suite (malheureusement, même aujourd'hui encore, sans avoir l'honneteté de le citer), fait autorité sur cette histoire : le Beaujolais au Moyen-âge par Mathieu Meras et dont je possède l'édition de 1956.
Mathieu Méras a fait un travail de recherches extraordinaire pour présenter son ouvrage aussi complet. J'ai donc travaillé à partir de là : le texte et les bibliographies citées (car j'aime beaucoup aller aux sources). Je découvris alors les liens très étroits des Beaujeu et de l'Abbaye de Savigny (dont on va fêter les 1200 ans), car ils en étaient les protecteurs, de nombreuses pages du livre évoquent ces liens. Et alors, je fis quelques recherches au coeur du fonds ancien de la Bibliothèque de Villefanche par rapport à toutes les indications du livre ; il me fut alors donné de consulter un document extraordinaire : les immenses cartulaires et terriers de l'Abbaye datant des XII/XIII ièmes siècles. N'étant pas spécialiste en épigraphie et notamment en écriture onciale, je n'ai pas pu les déchiffrer mais on imagine mon émotion devant ces énormes paquets reliés par des cordes, débordant de sceaux, et amenés des archives sur un chariot !
Et ce d'autant plus que ma famille maternelle est originaire de Savigny où j'ai passé souvent ma petite enfance dans la demeure familiale...Et que maintenant le hasard m'a fait habiter l'Arbresle qui fut fief de Savigny...Pour revenir à l'Abbaye, trop de passages du livre y sont consacrés pour pouvoir les citer ici, expliquant les relations que les Seigneurs de Beaujeu avaient avec les Abbés : échanges de terres protection, défense judiciaire et militaire. Mathieu Méras présente plusieurs cartes des possessions et échanges, mais également la retranscription de chartes anciennes et, comme je l'ai dit, une importante bibliographie dont j'ai consulté certains ouvrages anciens dans les archives de Villefranche. Mais les renversements d'alliance, les traités, les conflits locaux firent que la protection de Savigny fut disputée aux Beaujeu aussi bien par les Comtes de Forez que les Archevêques de Lyon.
Et tout cela m'a amené de l'Abbaye du sud de Beaujeu à celle du Nord, objet des mêmes échanges et relations ; à la différence de Savigny, Cluny n'était pas sujet à la protection des Beaujeu, cela étant dévolu aux Comtes de Chalon et surtout de Mâcon. Et donc, là encore je me suis penché sur l'historique et les archives ; là encore le hasard a bien fait les choses puisqu'il me mit en mains deux importants ouvrages publiés en 1910 au sujet du Millénaire de Cluny, dont l'un contient une quantité considérable de documents en encarts, plans en éclaté, reproductions des décors, gravures anciennes. Et je me suis passionné pour les Abbés de Cluny et plus particulièrement Pierre Le Vénérable. On se rend compte de la richesse de sa vie :
Les Abbés de Cluny ont cette spécificité : la durée de leur règne ! Ainsi, pour Bernon : 18 ans, Odon : 15 ans, Mayeul : 46 ans, Odilon : 55 ans, Hugues : 60 ans, et Pierre : 34 ans. Je précise bien que cela n'est pas leur âge mais bel et bien la durée de leur Abbatiat ! On peur donc dire à leur sujet que leur règne a duré, à comparer à la vie normale, une sorte d'éternité ; et quand on a l'éternité devant soi on peut entreprendre de grandes choses et de longue haleine.
Donc Pierre, venant après tous ces Abbés a pu continuer leur oeuvres et pour ainsi dire la parachever ; car il est considéré, grâce aux installations le long des grands chemins, que Cluny joua un rôle important dans l'organisation de l'Europe, et sous la conduite de Pierre ces installations arrivèrent au maximum : à sa mort il était Chef d'Ordre pour 10 000 moines vivant dans 1450 abbayes, prieurés répartis sur toutes les routes d'Europe !
Je rends un hommage appuyé et admiratif à un autre ouvrage publié en 1989 par Monique et Michel de Chalendar et dont j'ai extrait ces quelques planches ; leur texte donne toutes les explications quant à un Pierre le Vénérable fondateur des routes d'Europe.
Cluny voir album photo de la visite extérieure : http://verlatradition.canalblog.com/albums/cluny__l_eglise_abbatiale__71_/index.html
(la visite guidée intérieure prend beaucoup de temps et est fort intéressante malgré la desctruction d'une grande partie, pour mémoire l'église abbatiale était la plus grande de la Chrétienté !)