Désordres entre Ordres
Le titre aborde les dissensions qui eurent lieu en Palestine entre l'Ordre des Templiers et l'Ordre des Hospitaliers. Ceci pour faire court car le titre officiel du second n'a jamais été défini avec exactitude : l' Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem en est le plus complet, mais il existe différentes variantes. Les Hospitaliers furent en contact direct avec la Palestine, Chypre, Rhodes et Malte.
Au sujet de ces deux Ordres, je conseille la lecture et l'étude des deux articles de Wikipédia, forts complets :
Cet ordre fut créé à l'occasion du concile de Troyes, ouvert le , à partir d'une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Il œuvra pendant les et à l'accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades.
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L' ordre de Saint-Jean de Jérusalem, appelé aussi ordre des Hospitaliers, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l'époque des croisades jusqu'au début du siècle. Il est généralement connu, dès le siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani .
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On pourrait penser que ces deux Ordres, oeuvrant en Palestine avec des buts voisins, collaboraient ensemble ; or il n'en n'est rien ! Il existait entre eux une rivalité reconnue par les historiens.
J'ai en mains un important ouvrage relié à l'ancienne (336 pages) et dans un état impeccable : Histoire des Chevaliers de Rhodes par Eugène Flandin publié en 1873 chez Mame à Tours.
Eugène Flandin fut envoyé en mission archéologique en Janvier 1844 pour étudier les ruines de Ninive (de 1839 à 1842 les monuments de la Perse et de 1843 à 1845 ceux de Mossoul) ; sur son chemin il s'arrêta à Rhodes. A la suite de ce voyage il publia chez Gide à Paris un atlas des monuments de Rhodes illustré de 50 planches. Et pour la rédaction de cet ouvrage il consulta de nombreux historiographes de l'Ordre de l'Hopital depuis le XVII ième siècle.
Pour en venir au sujet de cet article, Eugène Flandin écrit :
l'esprit de rivalité est un sentiment trop humain pour qu'il ne se soit pas fait jour, même au fond du coeur des chevaliers croisés, et les deux confréries ne tardèrent pas à s'y laisser entraîner avec un aveuglement auquel on n'aurait pas dû s'attendre de la part d'hommes qui semblaient ne devoir obéir qu'à une seule pensée, celle du soutien de l'Eglise et de sa gloire. Cet antagonisme fi fermenter au sein de ces deux corps le levain de l'envie, qui dégénéra bientôt en une animosité que l'intervention des Princes et Évêques de Palestine ne fut pas toujours assez puissante pour apaiser. Si cette rivalité, changée en une haine implacable, fut quelquefois le motif de rencontres sanglantes, qui souillèrent la robe et l'écu des Chevaliers, il faut se dire aussi qu'elle tourna souvent au profit de la cause chrétienne en Orient...
...en dépit des périls menaçants et contre lesquels toutes les forces de la religion eussent dû se concentrer en se soutenant mutuellement,la haine qui existait entre l'Hopital et le Temple fermentait sourdement. Le premier souffle pouvait en ranimer la flamme, que couvrait mal la cendre de la discipline, et le feu en jaillit avec une telle violence, dans l'année 1251, que les Hospitaliers et les Templiers se livrèrent une bataille générale...Le carnage fut proportionné à l'acharnement des combattants. On ne fit point de prisonniers. On frappait et l'on tuait sans merci, sans miséricorde. Les Hospitaliers furent les tristes vainqueurs de cette lutte fratricide ; et, comme la pensée de fuir ne pouvait venir à un Templier, à peine, si l'on prend à la lettre les récits du temps "resta-t-il un soldat du Temple pour porter à ses frères d'Europe la nouvelle de cette défaite"...
Comme quoi il faut toujours se méfier de la logique de l'évidence : nous en avons eu maintes preuves ici-même dans les aventures du duo Papus/Philippe et de leurs entourages...
Un commentaire apporte d'importantes précisions à ce sujet avec références bibliographiques, voir ci-dessous...