Tout petit, tout petit...
Je suis le petit poucet…
Je sème de petits cailloux blancs sur le chemin mais beaucoup, trop pressés avec leurs bottes de sept lieues, ne les voient même pas…Car ils vont toujours plus haut, plus vite, ne prenant plus la peine de s’arrêter, même pas pour souffler un peu. Et ils pensent ainsi arriver avant les autres à la course qu’ils font uniquement avec eux-mêmes ; j’en vois qui, tels le lapin d’Alice courent dans tous les sens, reviennent en arrière pour éviter un obstacle, se perdent et sont déboussolés, ayant perdu le nord, leur nord. J’en vois qui sont tout contents de doubler quelqu’un et se fatiguent comme un lièvre tandis que la tortue les devance tranquillement en prenant un raccourci…
Je sème de petites pierres sur le chemin mais beaucoup les considèrent dans leur simplicité alors qu’il s’agit de véritables diamants qui certes ne viennent pas du pays de l’eau-delà, mais que j’ai récoltés ici, sous nos pas, mes petits pas.
Et ces diamants, à minuit, se mettent à resplendir de tous leurs feux, scintillants dans l’ombre. Mais les gens, pressés par la course de leur je, ne les voient pas...