En Beaujolais : le début de la légende de la Pisse-vieille (réédition de vendanges)
COMME NOUS SOMMES EN PLEINE PERIODE DE VENDANGES...
Raconté par Charles Desthieux et rapporté par François Lapraz dans Beaujolaiseries, Editions du Merle...
La Toinette se rendit un jour à la confesse auprès du nouveau Curé de la Paroisse ; et voici ce qu'elle raconta à son mari le Toine en rentrant à la maison.
Toine ! Te s oudzerais teute na dzeurno que te ne devenerais pos ce que neutron quero m'a baillé pe me pénitence ?
Ma fon ! Ne sais pos ! Qua donc qu'à ta det ?
Ben ! Quind dz'ai ayu feni ma confeschon, a m'a det quemint cin : Modo ! Et ne peschez pleus ! Ne pleus peschez ! t'intinds ! In vétia n'affère ! Le vioux quero me baillove tourdze cinq pater et cinq z'ave : y étove la meseure ! Pos io de més. A ne parlove pos de ne pleus pescher.
Bah ! A t'a det de ne pleus pescher ! Y est pet être la mode neuvelle pé la pénitence. Lous pater et lous z'ave ne sarvotzon pet être pleus de ren. Te sos ben qu'y a tsuses neuvelles dins dans le monde.
Cin se put. Mais ne pleus pescher quind on in a invia ! M'attinds ben qu'y est na pénitence pas quemode. Dze cras ben que dze ne purré la fère.
Ben ! si n'étove pos déficile. i ne seret pos na pénitence. Quind t'érès invia de lotier la bonde, te te retindrès, vériat teut.
T'in parle à te n'èse, ta. I ne te pos défindu de voidier le caquelion ! Ne sais pas parqua a m'a baillé cela, bougre de pénitence. N'anove partint pos fat de grous péchés. A me n'adze, on n'in fat pleus que de teut pététs, pos vra, Toine ?
Il faut bien se rappeler que le patois beaujolais est rattaché au francoprovencal, c'est un langage oral qu'il est donc bien difficile de reprendre par écrit : en faisant un petit effort on peut comprendre (la Toinette a confondu pêcher et pisser). Ma famille maternelle est issue du petit village de Savigny, près de l'Arbresle, et mon arrière-grand-mère qui y a toujours vécu était en quelque sorte la mère Denis du village. Et cette arrière-grand mère, ma grand-mère et ma grande tante, ont toujours pratiqué ce patois (et le français). Je me souviens, étant en vacances dans la maison familiale, les avoir trouvées en grande discussion, et d'avoir couru vers ma mère : "maman, maman, elles parlent arabe".
photo de famille avec la mère André et son mari éleveur de chèvres et vigneron (après avoir été aide de camp d'un Général) mes arrières-grands-parents, mes grands-parents et ma mère