Bernard Abbé de Clairvaux a-t-il été à l'origine de l'Ordre du Temple ? Article complété
Il est considéré comme un fait accompli que celui qui allait devenir Saint Bernard a suscité la création de l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ; et bien cela est faux ! Et les écrits même de Bernard le prouvent : relisons ou plutôt, pour la majorité d'entre nous, prenons le temps de lire l'Eloge intitulé Louange de la Nouvelle Milice rédigé par lui. Rappelons-nous que Hugues de Payns (là-dessus beaucoup de polémiques : champenois ou ardéchois ?) aurait été cousin de Bernard de Fontaine par la branche maternelle et que, donc, tout naturellement lorsqu'il revint dans le Royaume de France pour chercher des appuis, il s'adressa à l'abbé Bernard . Pour mémoire les Chevaliers sont partis en Terre Sainte pour défendre les routes vers Jérusalem seulement à 9 et que parmi eux figurait l'oncle de Bernard, André de Montbard, qui, malheureusement pour la légende ne rejoignit l'Ordre que plus tard. Selon les Instructions pour la réception des FF Ecuyers novices de l'Ordre Bienfaisant des Chevaliers maçons de la Cité sainte de 1778/1782, les 7 gentilhommes qui se réunirent à Hugues de Paganis et à Geoffroy de Saint Omer, seraient Gilbert Nortfalk, noble breton, Philibert de Saint Maure, Hildebrand Canis de Scala, noble allemand, Jacques Durfort de Duras, noble lyonnais, Martin de Rhodes de Provence, Guillaume de Gamache, catalan et Hugues, sire de Lesigems de France.
Dans son prologue, l'éloge commence ainsi :
A Hugues, soldat du Christ et Maître de sa milice, Bernard abbé de Clairvaux de nom seulement : combattez le bon combat.
Mon Cher Hugues, vous m'avez prié à plusieurs reprises de composer, pour vous, et vos frères, une exhortation , et de tourner ma plume conte l'ennemi qu'il m'est défendu d'attaquer avec la lance. Vous ajoutez que je vous serais d'un grand secours si j'aidais de mes écritures ceux que je ne puis seconder avec les armes. Si j'ai tardé à le faire, ce n'est pas par mépris pour votre supplique : je craignais d'y acquiescer avec légèreté et précipitation, en me chargeant, dans mon inexpérience, d'une tâche qu'un plus habile pouvait mieux remplir, et en rendant moins utile une oeuvre nécessaire. Mais en me voyant trompé dans une attente déjà longue et craignant qu'on n'accusât ma bonne volonté plus que ma capacité , j'ai fait ce que j'ai pu : le lecteur jugera si j'ai réussi...
On ne peut être plus explicite et en plus de la main même de Bernard Abbé de Clairvaux : il n'a pas répondu immédiatement aux sollicitations de Hugues et donc, dans ce cas, ne peut pas être à l'origine de la création de l'Ordre, en devenant en quelque sorte le parrain après la dite-création.
De plus, Robert Amadou écrivit dans la revue l'autre monde de début 1987 :
...Une Règle générale est ensuite rédigée par Hugues de Payns avec l'aide de quelques clercs et notamment de Jean Michel. Il n'est pas sûr que Bernard de Clairvaux ait participé à cette rédaction, tout au contraire. Mais Hugues de Payns l'intéressa, ainsi que le pape Honorius II, pour la chevalerie d'un nouveau type...
Un site spécialisé apporte quelques lumières à ce sujet :
http://www.templum-aeternum.net/articles/regle/saint-bernard-et-la-regle-du-temple.html
Voilà encore une fois la preuve que, lorsque l'on aborde l'Histoire, grande ou petite, il faut agir, penser, dire, écrire avec prudence et ne pas se contenter de la multitude de légendes dorées que l'on a fini par accepter comme vérités. Alors que parfois, comme ici, cette vérité est apparente et que chacun peut la vérifier !
Et comme j'aime poser des questions quelque peu sournoises, en voici deux :
-avant les Croisades les routes pour Constantinople et Jérusalem étaient-elles fermées aux Chrétiens d'Occident ? voir précision en commentaire ci-dessous
-et dans tout ça, quel fut le rôle de Etienne Harding, Abbé de Citeaux et Maitre spirituel de Bernard ? voir précision en commentaire ci-dessous
et je conseille de lire trois commentaires que j'ai liés à cet article... réintégrés ici-même : (les autres commentaires ont été maintenus ci-dessous)
Dans l'article, il est question de l'époque précédent la première Croisade : en effet, la dynastie arabe Fatimide était installée à Jérusalem depuis 970 et n'avait jamais interdit aux pélerins d'occident l'accès à la ville. En 1078 les Seldjoukides en chassent les Fatimides par la violence des soumissions et des massacres. Ce qui pousse en 1095 le pape Urbain II à déclencher la première Croisade, car dans le même temps il a reçu un appel au secours de l'Empereur Alexis Comnène qui voit son empire chrétien d'Orient menacé. Mais tout cela arrange bien le pape et les souverains d'Occident désireux d'occuper ailleurs les Seigneurs de leur noblesse...
Gilbert Monbaron, spécialiste du Celtisme, écrit : les bâtisseurs de la tradition primitive chrétienne celtique, issue de la tradition atlante, prirent le nom de Kuldées. Au Xième siècle, ces constructeurs furent affranchis et la plupart d'entre eux rejoindront Bernard et l'Ordre de Citeaux...il fut instruit par l'Abbé de Citeaux, le Britannique Etienne Harding. Les Kuldées, comme nous venons de le voir, sont les successeurs de la vieille tradition occidentale. L'un de ses plus illustres représentants n'était autre que l'Abbé de Citeaux Etienne Harding qui apporta à l'Abbaye de Molesme toutes ses connaissances ésotériques du Druidisme...
Et là on ne peut conseiller qu'une chose (en plus de lire les livres de Gilbert Monbaron) : aller faire une petite promenade avec le pape des escargots de Henri Vincenot (et le suivre également sur le chemin des étoiles de Compostelle).
Et il faut préciser qu'au départ, les compagnons de Hugues de Payns, puisqu'ils sont soldats et moines à la fois, se sont dotés d'une règle, la règle augustinienne, datant des années 400 et dont le manuscrit le plus ancien connu serait des VI/VII ièmes siècles. Elle leur fut donnée par le 77ième successeur de Jean, le patriarche Théoclétès évêque d'Ephèse, qui fut ainsi le premier "parrain" religieux de l'Ordre des pauvres chevaliers du Christ. (Théoclétès signifie la clé de Dieu) ... Information donnée par Jacques d'Ares (Atlantis)