Dans le coin de la rue Tête d'or (avec description intérieure du 35) et photographies complémentaires (réédition) et autres...
Nous avons vu au fil des articles publiés ici sur le sujet de Nizier-Anthèlme Philippe, dit de Lyon, que bien des éléments sont concordants, mais ne sont en aucun cas dûs au hasard ; ils sont le fruit de décisions prises en toute connaissance de cause.
Prenons l'exemple du 35 rue Tête d'or à Lyon, on pourrait penser qu'il a été choisi comme maison à louer (il est prouvé qu'ils n'en n'ont jamais été propriétaires : Tapissier puis Chapas) par convenance par le couple Philippe. Rappelons-nous ce que Jean-Louis Bernard a écrit (cité dans un article précédent) que Philippe suivit les traces de Cagliostro d'abord dans le quartier Saint Jean puis dans celui des Brotteaux, dans la partie située en bordure sud du Parc de la Tête d'or.
Que nous dit Marc Haven (Emmanuel Lalande gendre des Philippe) au sujet de la venue à Lyon de Cagliostro ? (extraits de sa biographie du Maître Inconnu Cagliostro déjà citée, édition originale + réédition Derain)
...A Lyon la franc-maçonnerie était comme partout en agitation. On y discutait les hauts grades ; mais les disputes de préséance passionnaient moins que les problèmes de théurgie. Le Martinésisme, dont Willermoz était l'adepte, le Mesmérisme, le Swedenborgianisme, se partageaient les esprit. C'est le moment où Louis Claude de Saint Martin et l'abbé Fournier travaillaient à Lyon, où s'éditaient les oeuvres du Philosophe Inconnu...on y comptait en 1781 douze loges dont les plus importantes étaient le Parfait Silence, la Bienfaisance, l'Amitié et la Sagesse...on le (Cagliostro) supplia de continuer de former des disciples ; il accepta et, avec douze maçons, recrutés parmi les plus connu des membres du Parfait Silence et de la Sagesse, il fonda dans le local même de cette ancienne loge (fondée en 1725 montée du Chemin Neuf et dont le Vénérable s'appelait Willermoz l'ainé), un nouvel atelier sous la dénomination : la Sagesse Triomphante...entre ces deux époques : installation de la loge au Chemin neuf et consécration du temple aux Brotteaux, plus d'un an s'écoula...
(rue Sainte Elisabeth = ancien nom de la rue Garibaldi)
Mais, direz-vous, quel rapport avec le Mage Philippe ? Et bien tout simplement regardez un plan étendu du cadastre de l'époque : la loge du Parfait Silence occupait pratiquement tout le quartier et avait même donné le nom de la rue située en face du 35 rue Tête d'or !
en 1889 : (archives de Lyon/plan parcellaire secteur 122)
en 1907 (propriétaire rue tête d'or : Tapissier) (archives de Lyon/plan parcellaire secteur 122)
en 1926 (propriétaire rue tête d'or : Chapas) ; et savez-vous quelle était la distance à parcourir entre le 35 rue Tête d'or et le Temple du Parfait Silence ? 150 mètres ...!!! (archives de Lyon/plan parcellaire secteur 122)
l'important Temple maçonnique du Parfait Silence (document BML)
De tout cela personne n'en a parlé puisque tous les regards étaient dirigés vers la petite maison du 35 rue Tête d'or qui subit, hélas de nombreuses approximations voires manipulations par rapport à la vérité.
Je laisse donc chaque lecteur à ses réflexions, quant à moi je n'ai aucun doute : il n'y a pas de hasard...
Pour mémoire, vue d'époque de la maison occupée par les Philippe, prise de la rue du Parfait Silence (devenue par la suite Rue Vibert en hommage à l'inventeur du Pétrole Hahn lotion pour les cheveux qui habitait le quartier) Cette photographie, contrairement à d'autres publiées avec cet intitulé (la porte étant alors cloturée et un second étage ajouté), est vraiment celle de la maison à l'époque ; on y voit très bien la porte d'accès à la rue, avec derrière la maison de un étage avec les combles aménagés, et cela est confirmé par tous les plans édités de cadastres. Serge Caillet publie un rapport d'un indicateur de police fort précis sur les lieux :...je frappe les trois coups de la façon convenue...j'entre dans un long vestibule, formant un coude dans son milieu...nous montons un étroit escalier en colimaçon conduisant au 1er étage...et arrivons au palier du 1er étage ...salle des séances, vaste pièce pouvant contenir 80 à 100 personnes, au pourtour muni de banquettes et de chaises, et séparée en deux partes par deux très longs bancs sur lesquels les assistants peuvent s'asseoir des deux côtés dos à dos...(Monsieur Philippe l'ami de Dieu)
(archives de Lyon/plan parcellaire secteur 122 de 1889)
Cette description est intéressante, sauf en ce qui concerne la grandeur de la salle, du fait des dimensions officiellement connues murs extérieurs de la maison facilement calculables à partir du cadastre métré de 1889 (11,71 sur 9 = environ 105 m²) Une confusion peut également être faite quant au nombre d'étages du fait que déjà le rez-de-chaussée (couloir avant l'escalier) est déjà surélévé par rapport au jardin : sur une photographie inédite de Papus, on peut déduire environ une huitaine de marches sinon plus ; ce qui fait que la maison comptait un rez-de-chaussée surélevé, un étage, et dans le toit des combles aménagés (on les voit sur la photographie de l'époque ci-dessous). Il est à remarquer que lors de différents recensements, que ce soit pour les Tapissier, les Philippe ou les Chapas on trouve toujours 6 habitants de la maison.
Et si on continue notre enquête dans le quartier, on découvre par exemple en 1901, au coin de la rue Tête d'or et de la rue Tronchet, au 96, à côté de l'école et en face de la congrégation religieuse, que la famille Chapas (l'épouse Louise Grandjean y vivait déjà en célibataire), que François Golfin et que la domestique Marie Champollion, habitent tous dans la même maison, non loin du 11 de la même rue où Emmanuel Lalande habite avec sa mère décédée depuis longtemps et tient son cabinet médical. Rappelons-nous quel sera le destin de Jean Chapas dans la succession de Monsieur Philippe, tant au 35 rue Tête d'or (dont il deviendra propriétaire à la suite de la famille Tapissier à qui les Philippe louaient la maison) que sur la colline des Collonges à l'Arbresle. Rappelons-nous que François Golfin sera le seul témoin extérieur de la famille de la mort de Nizier-Anthèlme Philippe au Clos dit Landar et qu'il accompagnera Emmanuel Lalande dans les travaux de préparation du mort. On le retrouvera par la suite habitant lui aussi la colline des Collonges au Champ d'asile. On fait alors la constatation que tous ces gens vivaient très proches les uns des autres aussi bien à Lyon qu'à l'Arbresle.
Et un document extra-ordinaire : la rue Tête d'or prise à peu près du carrefour avec la Rue Tronchet en direction du Parc, on distingue bien à droite le mur femant le jardin du 35, on distingue la porte d'entrée (se répérer par la photo ci-dessus) puis plus loin à gauche la rue du Parfait Silence !
et vue sur plan de cadastre (archives de Lyon/plan parcellaire secteur 122 de 1926)