De nos jours, on utilise des mots à tort et à travers : une grande vague venue de ce que certains ont appelé le nouvel-âge (new âge pour ceux qui comprennent l'anglais) a ainsi parlé et parle encore de l'Illumination, qui vient d'un Maitre, qui vient d'ailleurs et qui finalement vient de soi...
Pour ma part, ce mot me rappelle toujours un témoignage de vie, celui de Satprem, confident et secrétaire de Mère (le mental des cellules, le monumental agenda de Mère) compagne de Sri Aurobindo et qui eut une grande influence dès le début du XXième siècle sur des gens comme Théon et le Mouvement cosmique si cher à Charles Barlet, Papus et bien d'autres...
Et donc Satprem a témoigné de l'Illumination dans son livre "Par le Corps de la Terre ou le Sannyasin paru à Auroville en 1973 et édité en France en 1974, dans une autre tranche de vie, j'ai souvent médité sur ce texte magnifique et l'ai fait connaître à mon entourage. Et je me fais une grande joie de le présenter ici.
J'étais du feu qui brûle. C'était pur comme du feu, sans rien d'autre que du feu. Un Amour-feu. Et ça montait,montait.
C'était comme de la joie qui brûle.
C'était intense comme de la joie. Un Amour-joie...plus de vie, plus de mort, plus rien, seulement du feu-orange.
Et puis, c'est descendu : une cataracte de Puissance chaude. Ça prenait tout, immobilisait tout. J'étais là-dedans comme le feu dans le feu , comme le torrent dans le torrent, la joie dans la joie, sans moi, sans toi, sans différence, sans ailleurs, sans ici, sans là, sans loin ni proche, ni dedans, ni dehors.
Il n'y avait que ça. Une immobile cataracte de Puissance chaude dorée. Et au dessus de cette cataracte, ou derrière , quelque chose, comme une lumière blanche, éblouissante, scintillante, pleine d'une joie absolue, triomphante, qui regardait tout cela avec un Amour si joyeux, si translucide, si pétillant, une immensité d'allégresse lumineuse, un étincellement d'allégresse mais tranquille, inébranlable : un roc d'éternité...
Il y avait une joie indicible, une joie qui aime, un Amour-joie radieux qui transperçait tout, qui changeait tout, changeait le regard, un plein total. Une fleur de feu vermillon qui s'enfonçait dans son propre feu comme dans un délire de rencontre absolue...Comme si la mort était seulement une invention de nos sens, la souffrance une invention de nos sens, la dureté fixe du monde une invention de nos sens et hier et avant-hier et tous les passés du monde, les séparations du monde : il n'y avait que ça présent éternellement présent...
Il n'y a que ça, partout, et qui aime pour toujours et qui est tout...Tout est là et j'ai tout pour toujours, brûle mon Amour, brûle un million de fois je t'aime, dans tout ce qui est, dans tout ce qui vit...