En ce qui concerne l'Eglise de Lyon il peut être utile d'ajouter à la réflexion les écrits suivants : d'abord Jean-Louis Bernard souvent cité ici-même pour ce qui concerne Philippe de Lyon, sa vie, ses actes et ses paroles (Histoire secrète de Lyon/Albin Michel) :
La partie sensée de l'Eglise lyonnaise voue un culte à un vieillard nonagénaire, l'évêque de Smyrne Polycarpe (mort là-bas en 156) dont on lit et recopie la célèbre épitre. Ce Sage aurait connu en sa jeunesse l'apôtre Jean....De Smyrne, ce Polycarpe déléguera d'ailleurs Pothin et Irénée qui vont être le premier et le second évêques élus de l'Eglise de Lyon. Irénée romanisera la pensée néo-platonicienne et johannite d'Asie mineure...Le prestigieux Irénée, auteur d'un Discours sur la Foi, mourut à son tour. Avec lui disparut la première Eglise de Lyon, dite Eglise grecque à cause de l'origine gréco-asiatique de ses membres. L'Eglise romaine de Pierre allait succéder, après son officialisation à Rome, à cette Eglise de Jean très gnostique, mystérieuse...
Jecques d'Arès (Atlantis) aborde aussi le sujet dans le tome 3 les avatars du Christianisme de son Encyclopédie de l'Esotérisme :
Irénée, dont le nom grec veut dire paix, naît à Smyrne vers 115. Il rencontre l'évêque Polycarpe, disciple direct de Saint Jean, dont il hérite ainsi de la tradition. En 177 il devient prêtre de l'Eglise de Lyon, ancien haut-lieu de dévotion au dieu celte Lug, le logos-lumière (Lugdunum) (note : représenté en majesté sur le tympan de Vézelay).
Saint Irénée est surtout connu pour avoir combattu toutes les doctrines hétérodoxes...en fait il est surtout le doctrinaire de l'institution écclésiale... Pour lui l'enseignement des Apôtres ne peut être laissé à l'initiative de docteurs privés, même s'ils prétendent se rattacher eux-mêmes aux Apôtres ; seule la transmission par l'autorité écclesiale est valable.On ne peut donc dire qu'Irénée ait condamné, quant au fond, la totalité des opinions hétérodoxes contre lesquelles il s'élève. Son point de vue est essentiellement de pure forme... et son témoignage parait d'autant plus impartial que dans son Adversus haereses III, chapitre III, il déclare qu'il y a dans le Christianisme des mystères trop élevés pour être révélés au peuple, et que l'on enseigne qu'aux Parfaits (!!!)
Quant aux Eglises gnostiques de Lyon évoquées au sujet de Jean Bricaud et de Papus, de nombreux ouvrages traitent le sujet et il sera bon d'y revenir par la suite.
le luminaire de l'Abbaye d'Ainay
le siège du Primat des Gaules dans la Cathédrale Saint Jean
Enfin, consultant un ancien missel de la fin du XIX ième siècle,de ma bibliothèque, contenant le Propre de Lyon, je découvre les précisions suivantes :
il y est dit que le rite lyonnais précédent celui instauré par Charlemagne était rattaché à la vieille liturgie gallicane que la messe pontificale lyonnaise était concélébrée par : 7 acolytes, 7 sous diacres, 7 diacres, 6 prêtres, l'évêque et dépend directement des ordos romains carolingiens.
J'ai présenté les travaux de Pierre-Alexandre Nicolas sur les énergies de la Cathédrale Saint Jean (http://verlatradition.canalblog.com/archives/2015/12/07/33036823.html )article qu'il est indispensable de relire pour la bonne compréhension des rites.
Il aborde le sujet dans un chapitre justement intitulé le Rite de Saint Jean, qui vient en tous points corroborer mes propos actuels. La messe de Saint Jean est censée reproduire celle que les Anges font dans le ciel. P-A.Nicolas attire l'attention sur 4 points :
- l'importance du bedeau (= suisse, bâtonnier, porte-masse) qui frappe le sol de son bâton avant la Messe et pendant l'Offertoire
-la purification et la bénédiction par l'eau bénite
-célébration par le chant et la trompette
-la transsubstantation en trois actes : les offrandes par le peuple : pain vin, farine/l'encensement/le partage
La préparation du pain et du vin se faisaient dans une chapelle à droite du Choeur
Il évoque les 28 participants que j'ai déjà énumérés qui célébraient en concélébration autour de l'autel avec l'Evêque en son centre. Cet Evêque (archevêque primat des Gaules) prononçait plusieurs fois pendant la célébration le mot grec Aghios signifiant Saint.
J'insiste encore sur la nécessité de lire ce petit ouvrage au contenu immense...
Et donc nous découvrons que Lyon bénéficiait d'un rituel tout-à-fait particulier, que je me garderai de qualifier de gnostique pour éviter toute polémique, mais cependant emprunt d'une tradition bien différente des rituels classiques habituels. Et les Spiritualistes (terme non péjoratif mais respectueux) de la fin du XIX / début du XX ième siècles, par leurs connaissances ne s'y sont pas trompés.
J'ajoute une petite information concernant l'orientation des églises et qui mériterait une plus ample réflexion : en grec les quatre points cardinaux sont
Anatolé pour l'orient (est) / Dysmé pour l'occident (ouest) /Arctos pour le septentrion (nord)/Mesembria pour le midi (sud)
et quand on considère les deux axes des initiales, cela donne AD-AM...il y a là de quoi réfléchir (source : Jean Hani dans les Symbolisme du Temple Chrétien)
les commentaires d'édition précédente fort instructifs sont maintenus