J'entends rire les dieux comme disaient les Anciens de l'Antiquité, car c'est la quatrième fois que je publie cet article ...car il me plaît de le faire...En voici donc une nouvelle version complétée mais, compte-tenu de son universalité et de son importance capitale, il n'y a rien à changer sur ses fondations de base, sinon le compléter par des réflexions personnelles, et pour paraphraser un certain William Shakespeare (repris par l'écrivain américain William Faulkner), dans un monde plein de bruit et de fureur...

Comme base de réflexion je vais reprendre des paroles de Sagesse signées Raymond Bernard et publiées par le site des Baladins de la Tradition, 
( j'ai repris ici la mise en page exacte des Baladins : http://bldt.net/Om/spip.php?article989 dont je salue une nouvelle fois le sérieux )

rb


En Toi fais silence... "Equilibre et silence vont de pair." 

"Le premier objectif du disciple doit être la recherche de l’équilibre. Il faut que soit définitivement établi chez lui, un point de rencontre entre le matériel et le mysticisme, entre le physique et le spirituel, de telle sorte que le mysticisme soit contrôlé par le matériel, le spirituel par le physique et vice-versa. Il n’y a pas d’autre solution pour une démarche véritable et efficace sur le sentier que ce point d’appui, ce point de jonction où doit se situer sans cesse le disciple, car c’est seulement ainsi qu’il parviendra au but. Le matériel est un point du triangle, le spirituel en est un autre, et le troisième point est le disciple lui-même qui, par conséquent, évolue efficacement et réellement, uniquement s’il prend appui sur l’équilibre des deux autres points.
"Dans le triangle formé par le matériel, le spirituel et le disciple, le quatrième point est donné par la rencontre des trois perpendiculaires abaissées de chaque pointe sur le côté opposé et en ce quatrième point, qui confère à la démarche mystique ses assises parfaites où se retrouvent, se conjuguent, les trois autres, c’est la loi du silence. C’est là que se concentrent la force et la lumière, c’est là que se produit la communion intérieure, le contact avec le Soi. Ce point central est un noyau de puissance infinie, d’équilibre absolu, de connaissance parfaite. La bible rappelle le pouvoir du silence en une formule courte mais significative : "Entre dans le silence et sache que je suis Dieu", car c’est "dans le silence" qu’on reconnaît "celui qui est" - la présence divine, le moi intérieur, le Soi.
"La pratique du silence est une obligation fréquente pour le mystique. S’écartant des agitations du mental, repoussant tout ce qui est "extérieur", il entre quelques instants en lui- même pour faire le point, c’est-à-dire recueillir la direction et la lumière du centre où convergent en une harmonieuse combinaison l’essence de toutes les données spirituelles, mentales et matérielles qui constituent son existence. Il est évident que la pratique du silence est essentiellement passive. Pour recevoir, il faut se taire et le mental doit être muet, ce qui ne signifie pas qu’aucune idée intuitive ne se manifestera et que le cours des pensées ne prendra pas une direction déterminée. C’est au contraire ce qui se produira, il n’y a pas de vide absolu. Il suffit donc d’adopter l’attitude d’un spectateur et de "voir" sans participer. Le mental n’interrompt jamais son cours pas plus que les sens ne cessent de fonctionner, mais on peut ne pas avoir conscience du travail mental ni percevoir les impressions sensorielles. Certains disent qu’ils ne peuvent pas se concentrer, qu’ils s’aperçoivent soudain que leur pensée n’a pas cessé d’errer. C’est là une erreur de compréhension. En effet, soudain ils remarquent que leur mental poursuit son œuvre et ils en concluent qu’ils ne sont pas concentrés. Mais ils oublient qu’avant ce "soudain", ils étaient "ailleurs", précisément "dans le silence de l’âme". Ce silence est rompu au moment du "soudain", c’est-à-dire quand ils se rendent compte objectivement que le mental travaille. Or, je le répète, le mental n’a jamais cessé de fonctionner même au cours de la période de silence, mais il le faisait sans qu’il y ait participation ni conscience.
"Entrer dans le silence, c’est donc ne plus participer, ne plus avoir objectivement conscience des processus mentaux et physiques dont l’activité est ininterrompue tout au long de l’existence humaine, et il est important de se souvenir que si, à un moment, on reprend conscience de ces processus, la période de silence est achevée , mais que, précédemment, on était bien "dans le silence".
"La période de silence peut ne durer que quelques secondes du point de vue humain. La durée est sans importance. Une seule seconde de vrai silence au niveau du Soi suffit à la manifestation d’une force et d’une connaissance infinies qui sans être perçues immédiatement, se développeront ensuite de mille manières dans la vie consciente sans qu’il soit possible ni nécessaire d’attribuer de tels résultats aux périodes de silence. Ce sont ces périodes que les Maîtres utilisent pour leur action, pour inciter, guider, établir les conditions d’une meilleure compréhension. C’est dans le silence de l’âme que nous œuvrons au service du disciple, pour qu’ensuite ses efforts résultent en une progression plus rapide et plus efficace.
"Tout est utile dans la voie initiatique - la théorie et la pratique, la lecture et l’expérience, la discussion et le recueillement, mais s’il y a déséquilibre, trop de théorie explicative et pas assez de pratique, trop de lecture et pas assez d’expérience, trop de discussion et pas assez de recueillement, alors l’effort est vain. Equilibre et silence vont de pair. L’un complète l’autre et lui confère sa pleine valeur."
j'ai déjà consacré plusieurs articles à Raymond Bernard que vous pourrez retrouver ici :

Rappelons-nous la fameux triangle qui doit être équilatéral : corps/âme/esprit... Il est à remarquer que ces conseils, malgré les références, peuvent être suivis en dehors de toute croyance, de toute religion, de toute école. Ils peuvent permettent à chacun de se créer sa propre voie de Sagesse, sa propre éthique ; et en essayant de les suivre, on s'aperçoit, ce fut mon cas, qu'au-delà de la parole, qu'au-delà des écrits, qu'au-delà des catéchismes, et après maintes réflexions comme un Bénédictin (Ora et Labora, prie et travaille, dans ton oratoire et dans ton laboratoire) il n'y a ...rien...ou alors il y a...tout...
Raymond Bernard qui ne cessa de conseiller de tuer le vieil homme qui est en nous, qui ne cessa de conseiller de supprimer l'ego au profit du Soi et qui disait : tout vous a été donné...; ses écrits, ses paroles semblent aujourd'hui bien oubliées...
Et, en pérégrinant sur les chemins de la colline sacrée de Sion en Lorraine (la colline inspirée selon Maurice Barres haut-lieu de pélerinage), j'ai découvert cet écriteau : 

sion

Je profite de l'occasion pour rappeler que j'aime beaucoup ce qu'écrit Serge Caillet à propos de Nizier-Anthèlme Philippe dit Maitre Philippe de Lyon : Monsieur Philippe a vécu en initié sauvage, c'est-à-dire affranchi des sociétés d'initiation dirigées par ses amis...en initié libre, en somme, à la façon dont Papus avait conçu primitivement et idéalement son initiation martiniste, l'initiation formelle en moins... Les conseils proposés par cette étude de Raymond Bernard rejoignent cette vision des choses, lorsque l'Etre a reçu l'Initiation formelle il peut conduire sa vie, ses pensées, comme un adulte : il n'est plus l'enfant qui devait chercher à apprendre. Et donc peut se permettre de ne plus suivre à tout prix la course aux décorations, honneurs,  qui ne sont que des créations humaines, bien souvent au service de l'ego et non du Soi. Et il est là non plus pour se servir mais pour servir.

Beaucoup de personnes n'ont pas encore compris qu'il y a une différence entre le "soi" (l'ego) et le "SOI", ces personne ne pensent que par le corps et la densité... plus c'est lourd, densifié et perceptible, plus c'est viable pour eux, alors que ça ne représente que l'expression du "soi" et toutes les illusions qui vont avec. Le jour où ils comprendront que ce n'est pas le véhicule, mais le cocher du véhicule (le grand SOI) qu'il faut écouter par les messages qu'il délivre au corps, ça sera bon... sauf que ce cocher s'exprime avec des MAUX lourds quand on ne veut pas l'écouter, et non pas des mots... Si nous parvenons à l'écouter, il ne s'exprimera plus avec des maux, ni des mots, mais avec des émotions...Beaucoup de personnes, soutenues par leur ego, ont la certitude d'être au-dessus des autres...Sans se soucier du niveau de conscience où peuvent être ces autres, ce qui leur permet de les juger, alors qu'un niveau de conscience n'est pas inné : il doit se mériter par le travail...comme les Bénédictins (cela me rappelle la fable de La Fontaine sur le Laboureur et ses enfants !). Et il est bien difficile de se juger soi-même par rapport aux autres ...
Et qu'y a-t-il au delà des mots qui ne sont que convention humaine ?
(j'ai écrit également sur la Sagesse, les certitudes et le silence, notamment le silence du désert...vous pouvez poser votre recherche par les tags ci-dessous)
révisé à l'Arbresle, à 200 mètres en-dessous du Clos Landar de Maître Philippe de Lyon,
Gérard-Antoine Demon
et pour profiter du silence...j'ai débranché mes oreilles...